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a propos favoris musique en vrac pages a propos album : clichés 1 novembre 2013 nouvelle (s) rencontre (s) publié par bazarde dans non classé (nouvelle) rencontre c’était un jour d’hiver, un de ceux que j’aime, un froid piquant et sec, couplé à un soleil chaleureux : l’heure matinale ajoutait la touche finale à la promesse d’une belle journée. la bibliothèque me servait alors de refuge dans ce monde bruyant, sale, désordonné. errant parmi les rayons à la recherche de je ne sais quoi, de je ne sais plus, je t’ai croisé du regard. intriguant, tu étais parmi la foule mais déjà on pouvait lire sur ton front une complexité si humaine et malgré tout si mystérieuse, si charmante. le désir de prolonger cette curiosité m’a fait revenir tous les jours de cette semaine-là, tu étais présent chaque fois à la même place, silencieux, dans ton coin, seul au milieu des autres, rayonnant parmi les rayonnages. je t’ai approché et ai osé interrompre ta solitude : tu avais l’air perdu au milieu de ce temple, comme posé là et ne sachant quoi faire. je voulais voir au-delà et surtout te connaître, te savoir. j’ai pris le risque de t’inviter chez moi, cédant à cette curiosité maladive et cette attirance pour le mystère : tu as su y trouver ta place mais tu ne t’ouvrais toujours pas, tu étais toujours dans ta bulle silencieuse. t’observant du coin de l’œil, tel un fauve guettant sa proie, j’ai longtemps hésité avant mon attaque frontale : tu as été obligé malgré toi de t’ouvrir. dès lors notre conversation était engagée : les débuts de celle-ci furent lents et laborieux, j’avais l’impression que tu en gardais pour toi, que j’avais énormément de choses à découvrir à te côtoyer mais que cela n’était pas sans risques à prendre de ma part. que de nuits passées ensemble mais pourtant chacun de notre côté avec nos petites habitudes : ta place, la mienne ; tu ne te relevais pas pour fermer la fenêtre car une fois allongé, selon tes principes, posé, tu ne te relevais plus… tellement de petites choses comme celle-là, agaçantes et charmantes à la fois. je n’osais t’approcher de trop, de te prendre entre mes mains, de peur de te froisser, de t’abîmer : j’ai essayé de prendre soin de toi de tout mon cœur… tu avais cette richesse de la vie : la fougue de la jeunesse, de la nouveauté, mais aussi cette espèce de sagesse de la vieillesse. tu étais marqué de coups, de voyages, de blessures non apparentes mais que l’on sentait présentes et tenaces, qui jouaient avec toi encore, malgré toi. cette conversation, ces conversations furent denses, j’avais l’impression que tu venais dans mon cerveau et que tu y chuchotais mes pensées : j’essayais de me battre contre tes phrases alambiquées et ton langage recherché… combien de mots m’ont fait faire un aller-retour vers le dictionnaire ! des fois, je ne comprenais rien à ce que tu me disais, et pourtant cela avait l’air d’être clair quand tu l’énonçais : comme il est difficile de se comprendre ici-bas malgré la richesse de notre vocabulaire… j’avais rencontré pas mal de tes congénères : tu n’étais pas plus beau qu’un autre et pourtant tu me tenais, je ne savais comment, mais tu arrivais à me parler à moi, la plus sauvage des oursonnes. de tout ce tas de mots, j’avais l’impression malgré tout que quelque chose clochait, comme quelqu’un qui ne regarde pas droit dans les yeux de son interlocuteur, que tu me mentais dans tout ce brouhaha. je suis passée au-dessus de tout ça, je voulais y voir plus loin, plus haut, par dessus en somme, dans notre relation… le grain de ta peau sous mes doigts, ton odeur si près de moi, presque en moi, m’ont vite fait oublier cette prise de conscience. ta présence me rassurait, m’apaisait, nos échanges me cadraient : je fusionnais, je voyais par tes yeux, je buvais tes paroles. et puis, après un long suspens haletant se fut la fin, une fin en queue de poisson : j’ai su sortir de ton monde, j’y étouffais, il n’était pas moi, tout tournait autour de toi, notre relation, les discussions allaient dans un seul sens, tu me détruisais : tes mots étaient devenus des maux. je pense que j’aurais pu éviter cette déception, ne pas foncer tête baissée vers toi, partager autant de temps à tes côtés, j’ai le sentiment d’avoir été dupée, de m’être fourvoyée : je m’en veux tellement, j’ai tellement rêvé avec toi, je me sentais tellement bien, je ne me suis pas méfiée mais il fallait que je sache, que j’aille jusqu’au bout. j’ai posé une dernière fois ma main au milieu de toi, je ne ressentais plus rien, tout était cassé, gribouillé, encore un de tes mots que je réutilise à présent. j’ai entraperçu ce qui se cachait sous la couverture, du vide, du rien, de la flotte. c’est fini, je te laisse te refermer et tomber à mes pieds. nous savons tous les deux que tu dois désormais passer en d’autres mains… quelqu’un d’autre est là, il m’appelle…et me ramène à la réalité : « ah ! bah, tu l’as fini, ton livre ? évite de le balancer par terre…tu éteins la lumière chérie ? et au fait, pense à la fenêtre ». je retourne à la bibliothèque dès demain. rencontre (nouvelle) j’étais posé là, intercalé au milieu des miens dans cet espace clos, ronronnant avec son faux rythme quotidien, les strates verticales à n’en plus finir et les bip bip constants : même en cet endroit le silence se faisait rare. je côtoyait des romans historiques, des ouvrages en anglais et même des thèses en psychologie : si je tenais celui qui avait choisi ce classement, je lui remettrait ses idées en ordre…de marche ! je ne savais pas ce que je foutais là, on aurait dit un meuble : balancé de gauche à droite sans autre appui que ceux qui m’entouraient, mais je savais que cela ne suffisait pas, qu’il faudrait un jour que je me tienne seul debout, face au monde. et pourtant, j’étais k.o., j’étais trop lucide, mes béquilles ne marchaient plus, ne voulaient plus, et j’étais censé ne plus en avoir besoin…je n’avais aucune prise sur rien et pourtant je voyais tout : quitter le mode spectateur et devenir acteur, sortir du simple rayon et accéder à la tête de gondole… je détestais me mettre en avant, me vendre, j’étais à l’envers parmi les miens : je tombais à chaque fois du présentoir, et avoir la plus belle des couvertures m’intéressait peu. grâce à ma position de retrait, de discrétion, j’avais appris énormément des êtres humains, je savais voyager dans leur cœur; j’étais plus qu’armé mais je ne savais qu’en faire. et pourtant, tu es venue vers moi avec tes trucs trop bizarres mais trop touchants : tes gestes saccadés, ton espèce de préciosité et ta tenue réfléchie, élaborée, pesée et soupesée. pourquoi moi ? je savais que l’emballage plaisait, cela me dérangeait presque de plaire : cet aspect mystérieux, mon côté taiseux et de ne pas y toucher intriguaient, j’avais peur des responsabilités qui en découleraient, surtout ne pas décevoir qui que ce soit… tu m’as embarqué chez toi, j’ai dormi sur le canapé dans un premier temps. puis, ta chambre, ton antre, ta grotte, propre, rangée, époussetée dans les moindres recoins… moi qui connaissais tellement la poussière et les araignées ! je savais ce qui t’avait plu quelque part, ce qui plaisait à beaucoup de votre sexe : le côté rêveur sensible, idéaliste et utopiste… je ne voulais pas m’attacher à toi mais cela s’est fait malgré moi… mon air emprunté pour te faire face, pour vous faire face ne me plaisait pas, mon attitude sonnait faux. parfois, je me déteste. tu arrivais à me lire à haute voix, moi qui aimait tant le silence et tant me cacher derrière celui ci. je me suis habitué à toi, à ton air grincheux du matin, à me faire manipuler dans tous les sens, à me faire grignoter par ton foutu chat, mais également aux moments pendant lesquels tu m’effeuillais avec des interrogations constantes, quand tu touchais mon dos du bout de tes doigts, allongé dans tes bras près de ton corps. ce luxe, ce soin, m’étaient inconnus et je ne les méritais pas. oui, je t’ai trahie une fois, je me suis donné à une autre en ton absence mais qu’est-ce que cela face à u